
Article de: Lucas Delacuvellerie, bénévole et étudiant en Master 1 Management des Organisations du Secteur Sanitaire et Social à l’IAE de Nancy.
Aidez-vous un proche au quotidien ?
Aider un proche revêt, dans l’esprit de beaucoup, un caractère d’évidence tant vous êtes avant tout un père, une mère, un frère, une sœur, un mari, une épouse ou un ami… qui accompagnez au quotidien votre proche malade, âgé ou en situation de handicap physique/psychique.
Savez-vous que ce que vous faites correspond en tout point à la définition du terme « aidant » ?
C'est quoi « un aidant » ?
L’aidant est une personne qui vient en aide à un proche, de manière régulière et fréquente, à titre non professionnel, pour accomplir tout ou un partie des actes ou des activités de la vie quotidienne de ce dernier, se trouvant en perte d’autonomie, du fait de l’âge, de la maladie ou d’un handicap (physique ou psychique).
Combien sommes-nous ?
Sachez que vous n’êtes pas seul à vous dévouer et à prendre soin d’une personne qui compte pour vous.
En France, on estime à 11 millions le nombre d’aidants d’un proche dépendant. Il est à parier qu’une grande partie, ignore qu’elle peut bénéficier de soutien et que des aides existent pour soulager leur quotidien.
Comment se caractérise mon aide ?
- Je m’occupe des démarches administratives
- Je fais les courses
- J’aide à l’entretien du domicile et du linge
- Je prépare les repas et je m’assure que mon proche s’alimente correctement
- Je gère les RDV médicaux et il m’arrive d’accompagner physiquement mon proche à ceux-ci
- Je suis présent pour mon enfant en situation de handicap dans sa vie quotidienne (santé, scolarité, aides techniques, aménagement du domicile etc…)
- Je soutiens moralement mon proche
- Je fais parfois des soins ou des toilettes intimes
Ces actions concrètes ne sont pas exhaustives tant il existe de situations d’aidance que de personnes aidées. Chaque aide apportée, qu’elle soit ponctuelle ou quotidienne, compte. Que ce soit à votre domicile, à celui de votre proche ou lorsque vous le visitez en établissement, si ce développement vous parle, vous êtes certainement aidant sans jamais l’avoir conscientisé. Dans l’inconscient collectif, le rôle d’aidant est réservé aux professionnels aides à domicile, ou aux aidants à plein temps. Néanmoins, être aidant, c’est avant tout être présent, à travers chaque geste et chaque action quotidienne partagés.
Pourquoi je ne m’identifie pas comme « aidant » ?
Devenir aidant, ce n’est pas toujours un choix délibéré, c’est parfois un rôle qui s’impose, sans que l’on s’en rende compte. Petit à petit, on aide un proche, on répond à ses besoins, on prend des responsabilités, on intègre complètement l’aidance dans son organisation quotidienne. Cela semble tellement naturel de prendre soin.
Beaucoup d’aidants ne se reconnaissent pas ainsi parce qu’ils perçoivent leur engagement comme un devoir familial ou moral : « C’est normal, il ou elle aurait fait la même chose pour moi », « c’est ma mère, elle m’a mis au monde et elle s’est occupée de moi », « nous sommes mariés, je dois m’occuper de mon conjoint. C’est comme ça » …
Ce raisonnement, fondé sur des bases d’engagement, de solidarité et d’amour, peut se révéler « piégeant » : en considérant l’aide comme une évidence voir comme un dû, les aidants minimisent l’impact, parfois néfaste, de leur dévouement, tant sur leur corps que sur leur esprit. Sans compter que l’histoire familiale, la culture, les convictions peuvent entretenir davantage encore ce système : comment être aidant de son parent qui fut maltraitant dans l’enfance ? Impossibilité d’envisager de confier son proche tout en ayant besoin de préserver sa vie personnelle et familiale ?
Le même schéma se retrouve alors chez beaucoup d’aidants : mettre ses propres besoins de côté, supprimer toute activité pour soi jugée superflue, tout assumer seul etc...
Cet investissement sincère couplé au manque de conscience de son rôle d’aidant peut engendrer plusieurs conséquences :
Pas ou peu de sollicitation d’aide
Considérant qu’ils sont responsables de tout, beaucoup d’aidants s’épuisent, s’isolent et ne s’offrent pas la possibilité de solliciter les aides existantes (financières, répit, accompagnement psychologique…).
Une culpabilité omniprésente
Déléguer ? Impensable. L’idée même de partager la charge fait naître un sentiment de culpabilité : « Si c’était moi qui étais malade, il ou elle ferait pareil », « Confier mon proche à un inconnu ? Jamais ! », « Si j’envisage de l’aide mon proche va penser que je veux me débarrasser de lui », « S’il se passe quelque chose en mon absence ça sera de ma faute »…
Cette culpabilité créée anxiété et charge mentale enfermant l’aidant dans un dévouement inconditionnel.
Une fatigue pouvant conduire à l’épuisement
Manquant de relais et de solutions de répit, l’aidant cumulant de nombreuses missions dans des domaines variés (professionnel, familial, personnel…), ce dernier s’épuise et constate un retentissement sur sa santé physique et/ou psychique.
Si vous faisiez le point avec « l’Aidantomètre » ?
Grâce à l’échelle de l’aidant, prenez quelques minutes pour évaluer votre engagement auprès de la personne que vous accompagnez. Cet outil vous aide à mesurer l’impact de votre rôle et à identifier d’éventuels signes d’épuisement.
Comment ça marche ?
L’échelle se divise en trois niveaux, du vert au rouge :
- Zone verte : Vous trouvez un équilibre entre votre rôle d’aidant et votre bien-être.
- Zone orange : Des signes de fatigue apparaissent, il est temps de prendre du recul et de demander du soutien.
- Zone rouge : L’épuisement est là, votre santé et votre qualité de vie sont en danger, il est essentiel de vous faire aider.
Et si je suis aidant ?
Être aidant, ce n’est pas se résigner, mais reconnaître une réalité qui peut être mieux vécue avec le soutien adapté.
Accepter son rôle d’aidant, c’est franchir la première étape vers la reconnaissance et le soutien. Car vous aussi, vous avez le droit d’être aidé !
S’impliquer auprès d’un proche en perte d’autonomie, c’est une charge émotionnelle et mentale intense. Ce rôle mérite d’être reconnu et accompagné et peut ouvrir la porte à des ressources précieuses :
- Des dispositifs pour concilier travail et engagement familial
- Des aides financières et matérielles (Allocation journalière du proche aidant, congé de proche aidant, aides à domicile…)
- Des solutions de répit pour souffler (accueil temporaire, séjours de vacances adaptés…)
- Un soutien psychologique et des groupes de parole (associations, plateformes d’écoute…)
- Des formations pour mieux accompagner son proche
- Des activités collectives réunissant des aidants
À Nancy, la Maison des Aidants vous propose un accueil personnalisé, des informations sur les solutions de répit et un accompagnement adapté à votre situation. Des dispositifs existent également pour faciliter vos démarches, y compris un service de relayage pour vous permettre de rencontrer les professionnels en toute sérénité.
La Maison des Aidants de Nancy
- Par téléphone du lundi au vendredi de 8h30 à 12h au 08 09 54 10 10 (n°gratuit)
- Par mail sur aidants54@udaf54.com
- Sur place le lundi, mardi jeudi et vendredi de 8h30 à 12h et de 13h30 à 16h30 et le mercredi de 8h30 à 12h.
Ne restez pas seul(e). Parce qu’être aidant, c’est donner… mais c’est aussi apprendre à recevoir.
Alors, et vous, êtes-vous aidant sans le savoir ?